Au nom de Dieu, mais quel Dieu?

Au nom de Dieu, mais quel Dieu ?

Tête contre terre,
sur le tapis de prière
je m’adresse sans hésiter
au Dieu de l’humanité.
Est-il juif, chrétien, musulman ?
Je doute fort d’une telle identité
qui resterait bien trop humaine.
Est-ce Lui, le Très Haut
qui a voulu ces différences ?
Les hommes ont-ils besoin de se protéger
derrière un nombre croissant de frontières 
y enfermant jalousement
ce qu’ils nomment Vérité ?
Mais qui pourrait bien avoir les réponses
aux questions existentielles de l’humanité ?
Bien fou qui afficherait une telle prétention.
Car La Vérité dans sa totalité, dans son Absolu,
reste le plus grand secret de Dieu.
Dieu cet au-delà de tout concept,
de tout postulat, de tout imaginaire.
Dieu le tout autre, l’omniscient,
celui dont je ne peux soupçonner l’infinie miséricorde,
celui qui me surprend par delà mes pensées
dont on a toujours dit qu’elles ne sont point les siennes.
Et certains, dans la faiblesse de leur humanité
S’arrogent le droit d’imaginer que le Dieu de nos Pères
Exige la mort de tous les « hérétiques »
au seul fait que le chemin qu’ils prennent
est jugé impie, contraire à la volonté de Dieu.
Jugement arrogant et blasphématoire
de ceux qui refusent peureusement la saine réflexion,
de ceux qui souhaitent la mort du « mécréant »,
de ceux qu’effraye la recherche commune à partir de chemins différents.
Le Dieu auquel je m’adresse, sur ce tapis de prière,
Ployée vers le sol, tête contre terre,
ne connaît ni Chrétiens, ni Juifs, ni Musulmans,
ni croyants, ni incroyants.
Il ne connaît que des hommes et des femmes
dont la seule étiquette à revendiquer
est celle d’une fraternité à partager,
et dont les multiples chemins sont :
La compassion, la tolérance et le pardon. 

Marie-Anne Bescond